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Suivez l’activité volcanique sur la péninsule de Reykjanes

Les premières heures de l’éruption de Fagradalsfjall

Dans la soirée du 19 mars, une fissure éruptive se forme dans la vallée de Geldingadalir, au sud de la montagne Fagradalsfjall. Entre décembre 2019 et jusqu’en mars 2021, de nombreux séismes sont enregistrées et au cours des trois semaines qui précèdent l’éruption, les sismographes en ont dénombrés pas moins de 40 000. Dans cet article de blog, nous souhaitions partager avec vous notre expérience, ce jour-là, un jour si particulier dans notre vie, un ressenti que jamais nous n’oublierons.

Nous profitons de notre proximité avec la lave en fusion pour prendre de très nombreuses photographies des textures de lave, toutes plus magnifiques les unes que les autres.

Une longue attente

Notre vie est mouvementée depuis bientôt 6 mois… car voilà 6 mois que des séismes secouent régulièrement la péninsule de Reykjanes et que certains séismes viennent même nous secouer jusqu’à Reykjavík. Notre souvenir le plus frappant : le séisme de 5,7 en février 2021, venu perturbé Ael, alors en voiture et Julie en plein entretien au 5ème étage de l’agence de l’environnement. Cet événement nous fascine : après tout, nous sommes venus habiter en Islande, terre de feu et de glace, on sait qu’il y a des volcans actifs et que l’île subit des éruptions, en moyenne une tous les 5 ans. Nous dédions alors pas mal de notre temps à décortiquer les articles scientifiques.

À partir de fin 2020, la consultation des informations se fait quotidiennement, le site de l’Office météo islandais devient notre bible, conservant comme des preuves les captures d’écran de ce que nous vivons. Car oui, comme beaucoup, nous rêvons de voir de nos propres yeux une éruption volcanique, de la lave en fusion… un rêve qui restait jusqu’alors dans notre imagination.

Une des premières images que nous captons de l’éruption le 20 mars 2021 : ce randonneur qui s’aventure à seulement quelques mètres du cratère en formation.

Ce jour qui a changé notre vie

Jusqu’au soir du 19 mars 2021. Ce soir-là, nous lisons avec un mélange d’effarement, de surprise et d’excitation, que l’éruption a débuté. Nous appréhendons un peu car nous ne savons pas vraiment à quoi nous attendre, n’ayant, contrairement aux islandais et à nos amis expatriés depuis bien plus longtemps que nous, aucune expérience en la matière. Dangereux, pas dangereux (question un peu bête c’est quand même un volcan), bon on verra demain, pas la peine de se précipiter, les autorités ont bouclé le périmètre.

Samedi 20 mars, après quelques heures de tergiversation entre nous deux, et après avoir vu que certains de nos amis étaient partis vers le site de l’éruption, on se met, ni une ni deux, en route en emportant notre attirail de randonnée, de la nourriture et bien sûr nos appareils photos et notre drone. N’ayant qu’une très vague idée de l’endroit où se trouve l’éruption, nous empruntons la route 43 vers Grindavík puis nous garons près d’une ferme au pied de Festarfjall, les autorités ayant fermé l’accès le plus proche. Bien sûr, nous ne sommes pas les seuls curieux à vouloir admirer le spectacle. Nous croisons la route de nombreux groupes et randonneurs isolés, dont celle d’un Islandais bien décidé lui aussi à photographier le petit monstre. Environ 7-8 km de randonnée nous attendent. Malgré la météo un peu capricieuse, nous sommes super excités à l’idée de voir de la lave en fusion et n’avons aucune idée de ce à quoi nous attendre côté sécurité, ayant plutôt l’habitude dans d’autres pays de pouvoir observer ce phénomène de loin. Malgré la petite maitrise de la langue islandaise de Julie, être avec un Islandais natif nous aide à discuter plus facilement avec les locaux pour prendre des informations sur le chemin à emprunter auprès de ceux qui redescendent (déjà !!!) du site du volcan. On ne se doute pas encore que nous foulions le futur sentier de randonnée qui sera créé quelques jours plus tard. La randonnée est plutôt éprouvante car il nous faut traverser un champ de lave un peu enneigé et grimper une côte plutôt pentue avant d’arriver dans la vallée de Geldingaldalir.

Fagradalsfjall - éruption de mars à septembre 2021

Notre première photo de couple avec l’éruption en fond !

De loin, nous apercevons un petit cratère qui crache de la lave, premier énorme moment d´émotion, Julie pleure tandis qu’Ael, grand pro, ne pleure pas mais est tout de même très très ému. Nous nous approchons au plus près, les sauveteurs secouristes sont sur place pour assurer la sécurité des visiteurs. Nous rencontrons notre ami Marco, un géologue qui a grandi au pied de l’Etna et qui est installé en Islande, heureux et ébloui par le spectacle, et quelques autres groupes de locaux. Ah oui, il faut se rappeler un peu du contexte, avec le COVID et les restrictions de voyage, il n’y a aucun touriste quasiment dans le pays et seuls les locaux ont le plaisir de fouler cette nouvelle Terre. Nous échangeons quelques mots avec Marco puis nous partons aux côtés du petit monstre, qui s’avère être une jolie fissure éruptive avec quelques cônes qui commencent à se former, fissure qui nous a l’air plutôt inoffensive pour le moment.

Des gerbes de lave sont projetées à plusieurs mètres de haut, les visiteurs se pressent autour de la fissure, personne n’est vraiment stoppé dans sa course. Nous décidons nous aussi de nous approcher, par reflexe (et sécurité) nous regardons bien où on met les pieds, nous remarquons plusieurs grosses fissures au pied des cratères en formation, nous décidons de ne pas rester trop près. Ce moment est si indescriptible que seul le vivre peut permettre de le comprendre. Les rivières de lave coulent à quelques mètres seulement de nous à une vitesse incroyable, on se demande bien quel volume le cratère a déjà déversé dans la vallée, tellement ça a l’air rapide. Les gerbes de lave qui sont expulsées du cratère nous fascinent, nous prenons 72000 photos mais captivés par le spectacle, nous mettons l’appareil de côté un instant pour saisir cet instant unique, le moment que nous vivons. Ça a l’air irréel, c’est un moment « pince-moi, ça ne peut pas être vrai ».

Les visiteurs se pressent au pied de la coulée de lave qui envahit la vallée de Geldingadalir, sous la surveillance des services de secours.

Le premier jour de nos aventures volcaniques

Nous n’étions qu’une poignée de chanceux à profiter du spectacle en tout et pour tout sans doute autour de 50. Ce soir là, nous rencontrons sur place de nombreux autres passionnés, d’autres français immigrés, eux venus depuis bien plus loin que nous et par un chemin beaucoup plus difficile. Après plusieurs heures à contempler ce spectacle magique ensemble, nous repartons vers la voiture éblouis par ce que nous venons de voir. Nous croisons une marée de monde autour de 19 heures, la nuit vient juste de tomber, la plupart ne sont pas habillés pour affronter ce qui les attend ou équipés pour randonner de nuit, sans lampe frontale, sans sac à dos… bref, tout ce que normalement un touriste aguerri aurait fait, les locaux ont l’air de s’en passer… en route, on s’arrête même pour aider un jeune homme en hypoglycémie avancée. On arrive enfin vers notre voiture et repartons des images plein la tête mais les jambes engourdis par la marche et la fatigue. Nous nous regardons et la première réflexion : Qu’est-ce qu’on vient de vivre et surtout : quand est-ce qu’on y retourne ?

Les visites s’enchaînent, cette éruption nous passionne, le paysage change, une nouvelle terre se créé sous nos yeux, nos visites tournent (presque) à l’addiction. Nous comptons les visites puis, nous arrêtons, impossible de les comptabiliser, entre les visites pour notre propre plaisir ou pour le travail (Ael en tant que guide et Julie en tant que ranger), nous perdons le fil. Les phases successives de l’éruption nous captivent, passant de longues heures à observer notre nouvel ami. Le 19 mars restera un jour gravé dans notre mémoire et cette année 2021 aura été rythmée par cette éruption, ses cycles et ses caprices, un nombre incalculable de visites, une poignée d’instants magiques que nous avons essayés de partager au travers de nos photos et de nos vidéos. Des souvenirs que notre ami Thibault, journaliste et réalisateur, a retranscrit dans un reportage tourné pour France 2 en mai 2021 (qui aurait cru que ce soit le dernier ?).

Vous pouvez d’ailleurs retrouver les replays des reportages en bas de notre page « Nous ».

Aujourd’hui, cette passion dévorante pour le volcanisme en Islande est loin de s’être tarie… Nous partageons d’ailleurs cette passion avec deux de nos amis, eux aussi accrocs au volcanisme depuis leur enfance, mais aussi avec vous, derrière votre écran, sous une forme que nous souhaitons, on l’espère, la plus précise, professionnelle et claire possible, comme de vrais petits journalistes en herbe !

Retrouvez toutes les actualités « Volcanisme » sur notre page dédiée.

Quand à savoir ce que nous réserve encore notre petite île, seul l’avenir nous le dira !

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